De plus en plus des déchets plastiques s’accumulent dans le bassin du Congo. Des politiques de gestion de ces déchets dans 6 pays du bassin Congo pour gérer cette crise semblent manquer d’efficacité. Des chercheurs sur des questions environnementales s’inquiètent.
Du 2 au 3 Décembre 2024, l’Université de Goma a organisé des journées scientifiques sur la valorisation des déchets plastiques dans le bassin du Congo. Centrée sur la dynamique socio-culturelle, cette thématique a rassemblé des professeurs, chercheurs, étudiants et acteurs œuvrant dans le secteur de l’environnement de plusieurs pays d’Afrique.
En effet, selon les chiffres de la banque mondiale de 2024, ce vaste écosystème compte plus de 142,5 millions d’habitants et enregistre plus de 64227,7 tonnes des déchets plastiques par jour. Le bassin du Congo perd ainsi de plus en plus son équilibre écologique.
890 tonnes de déchets par jour
En ville de Goma, par exemple, à l’Est de la RDC, la gestion des déchets plastiques n’a pas encore une attention particulière. « Ces déchets sont jetés en désordre. En tant qu’Université de Goma, nous allons apporter un regard critique sur ce problème pour trouver des solutions. Notre mission n’est pas seulement d’enseigner, mais aussi nous devons apporter des remèdes aux problèmes de la communauté ». explique Professeur John Mugabushaka, Secrétaire Général Académique de l’Université de Goma, à l’ouverture de ces assises. Ce constat se fait aussi dans plusieurs villes de bassin du Congo.
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Au-delà de la mauvaise gestion des déchets plastiques, le bassin du Congo fait face à des multiples défis notamment l’explosion démographique, la crise de conscience collective, mauvaise politique urbanistique, cadastrale et d’aménagement du territoire. A cela s’ajoute l’escalade des conflits et l’instabilité politique. « Par exemple la ville de Bukavu compte 1800 000 habitants. Mais c’est moins de 10% de la population qui est abonnée aux entreprises qui évacue des déchets. Pourtant la ville enregistre un nombre considérable des déchets mal gérés », déplore Professeur Alex Lina de la mairie de Bukavu et enseignant à l’Université Officiel de Bukavu.
Il explique que la ville de Bukavu produit plus de 890 tonnes de déchets par jour. « C’est seulement une tonne des déchets qui recyclée et transformée par quelques innovateurs. D’autres tonnes traînent dans la ville avant de se déverser dans le lac Kivu et dans d’autres espaces publics », s’inquiète-t-il.
Des politiques de gestion inefficaces
Cette situation est la même au Cameroun où le plan national de gestion des déchets n’est pas respecté. « Malgré ce plan national de gestion des déchets, les avis de la population ne sont pas pris en compte. Aussi il y a accès limité à l’information. Ce qui freine la bonne gestion des déchets. L’implication des communautés dans la prise de décisions et l’élaboration d’un plan d’information sur la gestion efficace des déchets sont indispensables », souhaite Marie Ange du centre national de l’éducation au Cameroun et qui est intervenue en vidéoconférence.
Certains pays du Bassin du Congo ont déjà entrepris des initiatives visant à améliorer la gestion des déchets. Cependant, ces efforts n’aboutissent pas souvent. Pour causes, des textes légaux ne sont pas vulgarisés et des poubelles publiques sont quasiment absentes. « Il y a manque d’engagement de la part des politiques dans des questions d’écologie. Nous constatons aussi l’absence de l’éducation écologique des populations », souligne Itshenu Getumbe de l’Université de Kisangani.
Dans plusieurs pays du Bassin du Congo, le fonds alloué à l’assainissement et à la protection de l’écologie reste encore minime. La taxe environnementale censée inciter une gestion efficace des déchets souffre de la mauvaise gestion. L’on remarque aussi l’absence de contrôle et des sanctions. « Des efforts menés au niveau international dans la valorisation des déchets plastiques doivent prendre une nouvelle dimension en mettant l’homme au cœur de ces actions », insiste Victor Emeka, assistant à l’OIF (Organisation internationale de la francophonie).
Renforcer des partenariats public-privés
En dépit des multiples défis, les déchets constituent aussi une nouvelle ressource avec l’avènement des technologies écologiques. Ces dernières permettent de réduire l’impact environnemental des déchets plastiques et offrent des opportunités d’emploi. Pour dire que donner de la valeur écologique aux déchets consiste à transformer ces derniers en matériels réutilisables ou même organiques pour la production de l’engrais.
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Des chercheurs sur ces questions environnementales pensent que des renforcements de partenariats public-privés pourraient jouer un rôle significatif dans cette transition. « Des solutions plus efficaces sont aussi au niveau de la participation des populations locales. Cette approche pourra non seulement améliorer les conditions de vie mais aussi favoriser le développement durable dans le bassin du Congo », suggère Professeur Gakuru Semachumu de l’université de Goma.
Professeur Jackson Sebingunda note qu’il existe un potentiel important pour transformer les déchets en ressources. « Un soutien accru aux innovateurs dans ce domaine est un atout majeur ».
Katembo Mbuto Victoire