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Difficile connexion entre Journalistes et influenceurs

Des influenceurs journalistes, Photo Wikimediacommons

Difficile connexion entre Journalistes et influenceurs


Face à l’essor des réseaux sociaux, le paysage médiatique connaît une transformation radicale. Des plateformes sociales, blogs et services de streaming permettent aujourd’hui à chacun de devenir un créateur de contenu. Conséquences : le journalisme, traditionnellement perçus comme gardien de l’information, fait face à une nouvelle réalité : celle des influenceurs. Des journalistes veulent maintenant regagner leur influence.

Mardi 19 décembre 2024, des professionnels des médias des divers pays ont échangé au tour de la thématique : « Les journalistes et les influenceurs sont-ils en concurrence ? ». Il s’agit d’explorer les frontières entre ces deux métiers et de réfléchir à la manière dont les journalistes peuvent regagner leur influence à l’ère numérique. C’était à travers un café virtuel du Forum Pamela Howard de l’ICFJ (International center for journalist).

Mariam Sanogo, journaliste d’investigation basé au Mali, indique que les journalistes ne sont pas en concurrence avec les influenceurs. Car les deux métiers poursuivent des objectifs distincts. Alors que les influenceurs recherchent le buzz, les journalistes se concentrent sur la crédibilité dans la récolte, le traitement et la diffusion de l’information. Pour dire que les journalistes, dans leurs métiers, font de leur mieux pour respecter les principes d’éthique et d’objectivité.

« Le journaliste influence positivement la communauté. Son rôle est de défendre l’intérêt public. Ce qui implique une responsabilité sociale. En revanche, les influenceurs partagent souvent des opinions personnelles, qu’elles soient positives ou négatives », explique Mariam Sanogo. Pour Sanogo, les journalistes peuvent exercer une influence dans leur communauté grâce à leur travail, sans pour autant être des influenceurs. « Nous avons le pouvoir d’influencer une décision politique ou économique lorsque nous mettons en lumière un problème. Un changement peut être attribué à notre travail », ajoute Sanogo.

La crédibilité d’abord

Aujourd’hui, un des principaux défis du monde médiatique est la désinformation. Les influenceurs peuvent parfois diffuser des informations non vérifiées pour attirer l’audience, tandis que les journalistes sont soumis à des règles d’éthique et de déontologie. Le comble est que le public apprécie plus des contenus sensationnels, souvent partagés par des influenceurs, au détriment des informations factuelles des journalistes.

Dans cette perspective, Charles Kolou, journaliste indépendant basé au Togo indique que « l’objectif principal d’un influenceur est de développer sa communauté en modifiant les idées et le comportement de ses abonnés, souvent dans le but de monétiser ses comptes. Les journalistes, quant à eux, doivent maintenir leur crédibilité, surtout en matière de vérification des informations. Malheureusement, beaucoup semblent maintenant plus préoccupés par le fait d’être les premiers à partager une information. Ce qui nuit à son intégrité », déplore-t-i.

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Cette situation soulève des inquiétudes quant à l’avenir du journalisme, car l’urgence des événements peut conduire à la diffusion de contenus non vérifiés et compromettre ainsi l’intégrité du journalisme et la compréhension des enjeux numériques en cours.

Bien que journalistes et influenceurs semblent jouer un rôle similaire dans la communication, leurs méthodes de travail diffèrent considérablement. Le journaliste se distingue par son approche rigoureuse du recoupement des sources et sa capacité à s’adapter à une ligne éditoriale. Ce qui n’est pas le cas pour les influenceurs qui se soucient seulement du nombre des personnes qui les suivent.

Pour Kossi Balao, directeur du forum francophone de l’ICFJ, « les journalistes se basent sur des faits et des réalités, tandis que les influenceurs peuvent exprimer leurs opinions sans contraintes. Notre métier repose sur des valeurs non négociables telles que l’honnêteté, la rigueur et l’impartialité », insiste-t-il.

Réadapter le journalisme

La plateforme TikTok, en particulier, a engendré une nouvelle vague d’influenceurs capables de toucher un large public en un temps record. Selon le Digital News Report 2024, plus de la moitié des utilisateurs de TikTok, Snapchat et Instagram délaissent les médias traditionnels au profit de créateurs de contenus qui présentent l’actualité de manière captivante et accessible.

Dans ce climat de crise, certains journalistes se retrouvent confondus avec des influenceurs. Ils doivent adopter des nouvelles approches pour garantir à leur communauté une information fiable. « Il faut assainir le paysage médiatique pour établir la confiance entre journalistes et leurs publics. Le contrôle des contenus et la sensibilisation des perceptions sont cruciaux », conseille Gérard Beogo.

Sous cet angle, Mariam Sanogo insiste que les journalistes doivent se forger une identité autour d’une thématique spécifique pour gagner en professionnalisme. « Avoir une identité dans un domaine précis est essentiel. Se disperser nuit à la qualité de l’information. Les journalistes doivent également s’adapter aux sujets qui impactent leur audience », suggère-t-elle. Pour dire que « le monde évolue et les pratiques changent. Il est essentiel de réadapter le journalisme aux réalités contemporaines tout en préservant une notion de professionnalisme », conseille Charles Kolou, directeur de publication du journal Citoyen au Burkina Faso.

Katembo Mbuto Victoire