Le suivi de l’allaitement régulier du nourrisson ou même du jeune enfant n’est pas chose facile pour des femmes allaitantes engagées dans des entreprises ou vendeuses dans des marchés. Celles-ci se contentent plus des pleurs du bébé pour l’allaiter. D’autres, vont jusqu’à lui donner d’autres produits alimentaires pendant qu’ils ont encore moins de six mois, l’âge où l’allaitement maternel exclusif est exigé.
Ce vendredi 20 janvier, il est 13h00 sur la rue Joseph Kabila, en plein centre-ville de Butembo. Sous un soleil de plomb, débout derrière son étalage des souliers usagers et trop préoccupée par des sollicitations de ses clients, Carine Marie-Jeanne tapote son bébé qui pleure au dos et qu’elle tente de calmer. Visiblement le bébé a faim et ne supporte pas cette chaleur. Mais la dame ne sait pas choisir entre allaiter son bébé et servir ses clients. « Je n’ai pas de choix, je suis obligé de travailler dans ces conditions avec mon enfant au dos. Parfois je n’arrive pas à bien travailler avec cette pression du bébé. Je sais que je vais l’allaiter quand les clients vos partir », explique-t-elle.
A quelques mètres de là, devant une agence de voyage, une autre femme, vendeuse d’oignons, place son bébé dans un bassin à la place d’un berceau. Elle y place d’abord des linges pouvant servir des literies, avant d’y placer son bébé, puis le couvre d’un parapluie. Mais son attention est fixée sur les passants et autres potentiels clients. Pourtant ce bébé a difficilement quatre mois. « Je l’allaite avant de le placer dans ce bassin. Les autres temps que je l’allaite c’est quand il se met à pleurer », opine-t-elle.
Interpellées seulement par des pleurs
Au marché central et dans nombreux coins de vente de la ville de Butembo et dans les environs, sont nombreuses ces femmes allaitantes qui ont du mal à faire le choix entre les clients et le bébé quand il exprime le désir d’être allaité. Elles disent que c’est en grande partie les pleurs du bébé qui les rappellent qu’elles doivent allaiter. « Quand l’enfant vient de naître il ne dérange pas trop. Mais c’est en grandissant qu’il dérange. Je n’ai aucun moyen pour payer la crèche pour mon petit garçon raison pour laquelle vous voyez que j’ai déjà mis en ensemble ces habits où il dort quand je travaille », Judith Kavira, vendeuse des habits usagers.
Même des femmes qui s’occupent seulement des activités ménagères n’allaitent leurs bébés que quand ceux-ci poussent des cris des pleurs. Ils les abandonnent dans un divan ou dans un berceau au salon ou même dans la chambre à coucher. Plusieurs d’ailleurs se félicitent quand elles ont des enfants qui ne lancent pas des cris de pleur à tout moment. « Quand ils ne pleurent pas, ils te donnent tout le temps de m’occuper d’autres activités comme la cuisson des aliments,… », s’enthousiasme Kahindo Kaswera.
Pourtant selon des spécialistes en alimentation du nourrisson et du jeune enfant,(ANJE), des pleurs font partie des derniers signes que l’enfants manifestent quand il a besoin de téter. Selon ces spécialistes « il peut présenter des mouvements rapides des globes oculaires sous les paupières, il peut se réveiller, s’étirer et bouger, bailler ou tirer la langue, porter la main à sa bouche ou à son visage… Il peut aussi faire des mouvements de la bouche, des mouvements de succion et cherche le sein (réflexe de fouissement) ou même pleure (signe tardif) », explique Docteur Claude Sabwa, spécialistes en ANJE (Alimentation du nourrisson et du jeune enfant) lors d’une formation des journalistes congolais sur la nutrition et la sécurité alimentaire, organisée du 9 au 12 janvier 2023.
Des berceuses peu fiables
Plusieurs femmes ont du mal à concilier leur travail et l’allaitement régulier de leurs enfants. Certaines femmes jugent mieux chercher des berceuses pouvant s’occuper du bébé pendant qu’elles sont au travail. Elles préparent la provision pour les berceuses qui passent des journées dans les cours du lieu du travail de la dame, le bébé au dos. « Il est difficile de se tenir devant les élèves avec un enfant au dos. Il peut pleurer en tout moment et perturber les enseignements. C’est bon comme ça. J’allaite à tout moment quand il pleure. À chaque récréation je joue avec mon enfant pour qu’il sente l’amour maternel », indique Kavwaro Kyakimwa, enseignante dans école primaire à Butembo.
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Une pratique que d’autres femmes fustigent car n’ayant pas assez de confiance aux berceuses. « Les berceuses sont trop dangereuses pour moi et cause trop désordre. Il y’a de cela quelques mois ma fille a été brûlée dans au visage à cause de la maladresse d’une berceuse. Voici ma petite fille. J’ai beaucoup souffert prendre soin de ces brûlures. Et jusqu’aujourd’hui elle porte des signes de brulures », témoigne Kahambu Matabishi. Depuis, elle juge mieux d’aller à son lieu de service avec son enfant pour éviter encore d’autres dangers que pouvaient courir son enfant.
Des conseils des quartiers que des soignants
Certaines, recourent à des crèches, qui ne sont pas encore très rependue dans la ville et le moyen financier ne permet à tout le monde d’y avoir accès. « On ne peut pas perdre son boulot seulement parce qu’on est une allaitante. Le matin je dépose mes enfants chaque fois quand j’allaite à la crèche. Si l’enfant pleure trop le responsable de la crèche me l’amène. Je paye mensuellement, une bonne somme. J’y vais souvent à la pause pour allaiter et puis je rentre au service après. J’ai déjà convaincu mon mari quant à ce, il n’y a aucun problème… », se justifie cette femme, qui a voulu rester anonyme.
Notre interlocutrice ne laisse aucune autre consigne aux gestionnaires de la crèche pour l’allaitement régulier de son enfant. Elle a seulement confiance que là le bébé est bien protégé que de le laisser aux mains des berceuses. Même s’il a encore moins de six mois, elle affirme qu’elle lui laisse du biberon ainsi que du produit laitier « Cerelac » qu’elle achète dans des alimentations. « Pour ces produits, il y en a ceux qui sont réservés aux enfants de moins de six ans, pour ceux des enfants dont l’âge varie entre 6 ans et 11 ans et pour les enfants de plus de 12 ans. C’est ce lait qui le gère durant le moment où je dois être au travail », poursuit-elle.
Dans des lieux de consultation prénatale et préscolaire, on demande toujours aux femmes allaitantes de nourrir les bébés uniquement avec du lait maternel pendant les 6 premiers mois et de continuer l’allaitement jusqu’à deux ans et au-delà. Aussi, donner fréquemment le sein au bébé, jour et nuit est l’un des moyens efficaces d’augmenter la production de lait maternel, diminue le risque de la femmes de tomber enceinte plus tôt.
Pour un spécialiste de la santé, il y a trop de produits que des femmes se prescrivent entre elles au quartier et qui ne relèvent pas d’une ordonnance médicale. « C’est l’eau digestive que les mamans donnent aux enfants même de moins de six mois, avez-vous déjà vu une ordonnance d’un médecin qui prescrit ce produit à un enfant ? Même les Kigoz et Cerelac que vous évoquez, il n’y a pas une ordonnance qu’on a déjà livré demandant à un bébé de les prendre en lieu et place de lait maternel ? », interroge ce médecin qui a préférer l’anonymat. Les spécialistes de santé conseillent que le bon suivi et la surveillance rigoureuse des enfants demeurent une meilleur solution pour les femmes allaitantes, pendant la période d’allaitement des enfants.
Glodi Mirembe