Du mardi 15 au mercredi 16 Octobre 2024, à l’hôtel Linda de Goma, au Nord-Kivu, le CICR (Comité International de la Croix-Rouge) a organisé une formation de journalistes pour mieux informer sur les violences sexuelles. Pour Yao Gahoussou, coordonnateur de sécurité et gestion de crise au sein du CICR, le but est que des journalistes aident à réduire le cycle de ce fléau dans la région des grands lacs.
Les violences sexuelles sont un sujet complexe et tabou qui continue d’être mal compris. Les identifier, en rendre compte de manière éthique et protéger les sources devient particulièrement difficile en temps de guerre.
Au Nord-Kivu, par exemple, des cas de violences sexuelles deviennent de plus en plus récurrents avec la montée des conflits armés. A la fin de l’année 2023, le Comité International de la Croix-Rouge indique qu’il a pris en charge plus de trois milles survivantes et victimes de violences sexuelles.
Dans cette perspective, le CICR explique que la couverture médiatique des violences sexuelles mérite une attention particulière du journaliste. Celui-ci doit au même moment veiller au respect et à la protection des victimes. « Le respect, la sécurité et la confidentialité doivent guider le travail du journaliste quand il informe sur les violences sexuelles », souligne Isaac Sadiki, chargé de programme de lutte contre les violences sexuelles au sein de CICR. Pour dire qu’informer sur les violences sexuelles exige le respect de certains principes pour éviter de porter préjudice aux survivants ainsi qu’à leurs familles.
Obtenir le consentement de la victime
Lors des reportages sur les violences sexuelles, le journaliste doit d’abord demander le consentement de la victime. Cette derrière doit savoir que raconter son histoire est une chose, et la diffuser publiquement en est une autre. Elle doit ainsi savoir les retombées positives ou négatives après la diffusion du reportage. « Il faut d’abord expliquer que le reportage sera diffusé à la radio, la télévision ou dans un journal et en ligne. Aussi, il faut expliquer les avantages et inconvénients de diffuser son histoire. Pour sa part, la victime doit faire son choix d’accepter ou refuser de raconter son histoire », insiste Isaac Sadiki.
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Il poursuit que si la source accepte de livrer l’information sous l’anonymat, le journaliste peut l’adopter ou alors prendre un nom d’emprunt. « L’essentiel est de bien passer le message dans sa diversité et au même moment sécuriser victime », assure-t-il. Pour des enfants, il est exigé de solliciter le consentement des parents. Dans les cas exceptionnels, par exemple si l’enfant ne sait pas parler, son responsable peut parler à sa place, s’il maîtrise aussi bien le fait.
La priorité aux besoins des victimes
Réaliser des reportages sur les viols nécessite d’établir un rapport particulier entre le journaliste et la victime ou la survivante. Ce qui demander d’établir une relation de confiance et garder l’objectivité nécessaire pour corroborer les témoignages. Il est important de prendre en compte la sécurité de la source et mettre en avant ses besoins potentiels. « Par exemple mettre en avant les procédures judiciaire, l’autonomie économique, le social ainsi que la sécurité, l’appui médical et psychologique », explique Isaac Sadiki.
Pour ce faire, Les reporters doivent interroger le plus de personnes possible. Parler avec les collègues, la famille, la personne incriminée aussi. Car les besoins ne sont pas unilatéraux. Aussi, le journaliste doit se priver de blâmer les victimes en insinuant que leur comportement ou leur tenue a favorisé l’agression.
A côté des témoignages amers, certaines victimes parlent aussi de leurs projets et leurs besoins. Certains survivants auront l’espoir de briser des barrières et d’aller plus loin. Ces témoignages peuvent encourager d’autres victimes de ne pas perdre l’espoir. « Les médias devraient attirer l’attention sur les histoires positives de l’automatisation et la résilience », ajoute Isaac Sadiki.
Présenter uniquement les détails nécessaires
Le journaliste est recommandé d’aller droit au but, en incluant des questions concrètes qui nécessitent la compréhension complète et claire du fait sans détours. « Éviter des questions ou commentaires sensibles aux valeurs culturelles. Ces détails exposent le plus souvent les survivants dans la société ou peuvent réactiver la douleur et le chagrin. C’est mieux d’utiliser un langage claire, concret et spécifique », conseille Isaac Sadiki.
Selon ce facilitateur, les journalistes jouent un rôle primordial pour bien éclairer l’opinion sur les violences sexuelles. Il conseille les journalistes de se documenter davantage sur des organisations et services qui luttent contre les violences sexuelles.
Victoire Katembo Mbuto