Au volant de la Jeep 4X4, Rachel Katswangene brise les barrières entre homme et femme


Femme au volant depuis plus de 4 ans, Rachel Katwangene brave des bourbiers et autres obstacles sur des routes impraticables de la province du Nord-Kivu. D’une vingtaine d’années, elle invite d’autres femmes à ne pas se sous-estimer. Pour elle, il faut d’abord aimer son travail.

En septembre 2023, dans un convoi humanitaire de dix véhicules qui se rendait à Miriki, au Sud du territoire de Lubero, à environs 200 Km au Nord de Butembo, à l’Est de la RD Congo, Rachel Katswangene est l’unique femme au volant de la land cruiser 4×4 de la Caritas développement. De Butembo jusqu’à Miriki, en passant par Musienene, Lubero, Kitsombiro, Alimbongo, Kaseghe, Kirumba, Kayna, Luofu… elle attirait l’admiration des hommes et femmes de ces milieux…

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Un public, qui pour la première fois, voit une femme au volant d’une Jeep 4X4. « Certains m’avaient offert des ananas, d’autres des poireaux et des pommes de terre… pour m’encourager. Pour eux s’étaient comme un miracle de voir une femme au volant dans un convoi humanitaire », explique-t-elle avec un brin de sourire aux coins des lèvres. Dans la zone, des femmes qui travaillent comme chauffeurs sont encore très rares voire absentes. Bon nombre d’entre elles sont seulement au volant de leur voiture personnelle.

Un rêve devenu réalité

C’est depuis la troisième secondaire que Rachel a commencé à murir son rêve de devenir chauffeur. Ses oncles paternels l’ont d’abord appris à conduire des véhicules. Puis elle a suivi des études en mécanique automobile avant d’obtenir son diplôme en sciences commerciales. Aujourd’hui, âgée de 24 ans, elle vient de totaliser plus de 5 ans dans ce métier de chauffeur.

Elle conduit toutes sortes d’engins roulants, sauf des poids lourds. « J’ai déjà l’expérience d’au moins 4 à 5 ans de service dans ce secteur. C’est depuis mon jeune âge que je voyais mes oncles paternels conduire et réparer des véhicules. C’est là que naquit en moi l’idée de devenir chauffeur un jour. J’ai commencée petit à petit, et je suis heureuse comme c’est un rêve qui s’est accompli pour moi », se réjouit-elle.

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Dans la partie Nord de la province du Nord-Kivu, elles sont encore moins nombreuses des femmes qui exercent des professions généralement réservées à la gente masculine. « Mais il y a une petite évolution. Ceci suite à l’instruction et la sensibilisation des femmes sur l’auto-prise en charge de la femme », estime le sociologue Ndaghala Mugheni Jonathan. Selon certaines études, au volant, des femmes commettent moins d’infractions routières que les hommes.  

Malgré cette évolution, des femmes font encore face à plusieurs défis. « C’est par exemple lorsqu’on veut s’engager dans une relation amoureuse. Quand l’homme découvre que je travaille comme chauffeur, il a tendance à prendre du recul. Ici chez nous, certains hommes ont encore des préjugés sur des femmes qui œuvrent dans le secteur exploité en majorité par les hommes », regrette-t-elle.

Braver la peur

Rachel Katwangene a passé plusieurs tests aux côtés des hommes pour accéder à ce métier grâce à sa parfaite maîtrise des techniques de conduite des engins roulants. Des stigmatisations, des préjugés et autres critiques ne l’empêchent pas d’évoluer. « Le plus important n’est pas de se focaliser sur les désavantages, mais c’est plutôt aimer c’est que l’on veut exercer comme métier et en tirer profit. Chaque métier a ses propres conséquences, ses problèmes et ses réalités », conseille-t-elle.   

Elle encourage ainsi les femmes à dépasser les préjugés pour affronter la vie au même titre que les hommes. « Nous sommes tous appelés au travail. D’ailleurs la Bible le dit : Celui qui ne travaille pas, ne mange pas non plus. Chacune d’entre nous doit prendre courage dans ce qu’elle fait. On doit d’abord aimer le travail pour devenir ce que l’on souhaite un jour. La chance est qu’aujourd’hui les filles étudient au même titre que les garçons. Pour dire que la femme doit aussi contribuer à la survie de la famille », embraye-t-elle.

Dans le convoi humanitaire, sur le terrain, Rachel Katswangene est la seule femme au volant © Photo Providence Birugho

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Des organisations qui militent pour le droit de la femme apprécie ce courage et souhaitent voir de plus en plus des femmes engager comme chauffeurs et dans d’autres métiers. « Le fait d’avoir certaines femmes comme chauffeur aujourd’hui c’est une chose à saluer, puisque nous sommes en train de prôner l’égalité entre homme et femme. Nous voulons que les femmes apparaissent dans tous les domaines de la vie. Malheureusement aujourd’hui elles sont encore moins nombreuses des femmes qui sont engagées comme chauffeurs. Pourtant c’est aussi une grande opportunité », explique Maître Maguy Panza, présidente de la SAFDF (Solidarité des Associations Féminines pour les Droits de la Femme et de l’Enfant).

Maître Maguy Panza rappelle ainsi que les femmes doivent embrasser tous les domaines, de la vie y compris la mécanique…« Les organisations sont prêtes à engager les femmes, car c’est pour la promotion du genre. Si les femmes ont des compétences requises dans le domaine demandé, on ne peut pas leurs priver l’embauche », insiste-t-elle.

Selon le sociologue Ndaghala Mugheni Jonathan, aujourd’hui la femme joue un triple rôle : celui d’épouse, de mère et de travailleuse. « Ce qui est doit être encore fait est de vulgariser des textes légaux sur les droits de la femme et amener la femme à une prise de conscience qu’elle ne doit pas être dépendante totale de l’homme », explique-t-il. Une lutte qui continue pour que la femme jouisse pleinement de ses droits.

Providence Birugho


3 commentaires

  1. Rachel katswangene ma petite sœur m’inspire beaucoup. Son courage me va droit au cœur. Aujourd’hui 01/12 c’est mon anniversaire. Sous cette ambiance , voilà que je tombe sur cette actualité qui coïncide bien avec l’évaluation de mes projets de l’année clôturée. Rachel katswangene vient après moi. Nos parents n’ont pas cessé de nous parler d’une vie d’autonomie. “Une femme qui ne laisse pas tout problème (financiers) du foyer au mari, ne sera vite veuve nous disent nos parents par contre, cette épouse qui attendra toute chose du mari récoltera l’AVC et/ou toutes formes de disfonctionnement possible du corps humain.Nos parents veulent qu’on comprenne qu’être nées filles ne leurs rendent pas inquiets. “L’important pour nous vos parents c’est de vous voir réussir dans la vie” nous disent nos parents. Je suis docteur, pharmacien qui aime ma carrière professionnelle. Je coordonne, je dirige, j’oriente, je supervise et planifié toutes activités pharmaceutiques des tout projets de la Mission dans notre pays la RDC dans notre organisation. “Tu es une brave femme” me disent mes collègues. “Oui, Tu sais ce que tu es” me dit mon N+.. “ne vois pas les côté négatif” me dit ma grande sœur. ” Montre le meilleur de toi même” me dit mon cher époux Anicet Mbiriki…. Et moi je n’ai pas cessé de dire qu’on réussi dans la vie que quand on a derrière nous les personnes forte et qui nous appel à aller de l’avant. Rachel ma petite sœur, travail dure pour ton pays. Un jour une histoire.. ma grande sœur Mireille katswangene, la financière, tient nous pour qu’on ne tombe pas un jour

  2. Waouh ! J’adore cet article.
    Les autres femmes doivent tirer d’elle un bon exemple à suivre.
    Ça ne sert plus à rien de se sous-estimer et croire que certains domaines ne concernent que les hommes.
    Il est temps que la femme exploite tous les potentiels qui sont en elle…

    Bon courage à elle !

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