Dans son travail de mémoire, John Tsongo, étudiant en sciences agronomiques et environnement, a expérimenté la culture de carotte en ville de Goma. Dans cette expérimentation, il montre comment les déchets ménagers améliorent des cultures maraichères et préservent la fertilité du sol.
En septembre 2025, John Tsongo a défendu son mémoire qui porte sur la « Réponse de la culture de la carotte (Daucus carota) à l’application de la fumure organo-minérale (DAP, urée et déchets ménagers) dans les conditions édapho-climatiques de Goma ». Selon cette recherche, le compost issu de l’association des déchets ménagers et des engrais chimiques permet d’obtenir un rendement de 4,9 tonnes sur un hectare. Aussi, cette production donne une densité de 6 à 10 grammes de semence pour 120 centimètres carrés.
« Nous avons utilisé du DAP (Diammonium phosphate), de l’urée et des déchets ménagers. Ces déchets proviennent des poubelles familiales. Nous avons procédé à la séparation des déchets plastiques et des déchets biodégradables. Nous avons ainsi obtenu une terre complètement décomposée pour amender le sol où nous avons cultivée de la carotte », explique-t-il.

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Selon ce chercheur, la sélection des déchets est essentielle pour obtenir un compost efficace. « Dans un premier traitement, nous avons appliqué uniquement le DAP et l’urée. Le rendement était de 4,9 tonnes à l’hectare. Ce qui rivalise avec les pratiques occidentales et asiatiques dans l’exploitation de la carotte. Dans le deuxième traitement nous avons combiné DAP, urée et déchets ménagers. Ce traitement a occupé la deuxième position. Ceci s’explique par le fait que les déchets mettent du temps à agir sur le sol, contrairement aux engrais chimiques. Et, c’est scientifiquement prouvé », assure-t-il.
Une manne pour l’agriculture durable
Pour plusieurs personnes ces déchets sont des simples résidus sans valeur. Mais pour John Tsongo, c’est une manne pour l’agriculture durable à Goma. Ils peuvent intervenir dans des jardins urbains et périurbains pour une production maraichère. Certains résultats des chercheurs montrent que même sans engrais chimique, les déchets ménagers apportent un réel bénéfice agricole. « Le troisième traitement de notre expérimentation a utilisé uniquement les déchets bruts sans engrais chimique. Il a donné un rendement de 3,5 tonnes par l’hectare avec 6 à 10 kilogrammes de semences », embraye-t-il.

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A Goma, comme dans plusieurs villes de la RDC, des déchets ménagers colonisent tous les coins. Ils s’accumulent dans des poubelles, dans des parcelles comme dans des espaces publics. Des odeurs nauséabondes s’y dégagent et des concerts des mouches s’y déploient. « Quand ces déchets ne sont pas valorisés, ils constituent un danger pour la population. Des maladies comme le paludisme, cholera et autres maladies peuvent s’y développer. Aussi, ils rendent la ville trop salle et nuisent à l’environnement », indique John Tsongo.
Protéger aussi l’environnement
En 2023, une étude sur les pratiques populaires en matière de gestion des déchets ménagers et leurs conséquences à Goma souligne que « le rejet des déchets dans les caniveaux, les voiries publiques ou au bord du lac contribue à la pollution, à la propagation de maladies et à la dégradation des sols ».

Pour dire que la valorisation des déchets ménagers apparaît comme une solution environnementale et un levier pour le développement agricole. « La majorité de nos concitoyens n’a pas une maîtrise des engrais chimiques. L’accès facile aux engrais organiques issus des déchets disponibles presque partout permet de produire plus. Il permet aussi la protection environnementale », souligne-t-il. Une telle pratique réduit aussi la pollution.
Il y a donc plus d’avantages quand on valorise ces déchets dans l’agriculture. D’abord il y accroissement de la production. Ensuite, des excédents de la production sont destinés pour le marché. Et enfin, une quantité supplémentaire peut être transformée notamment en jus, salade, cosmétique et bien d’autres.
Victoire Katembo Mbuto