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[Blog] : Top trois d’événements qui mobilisent la population en ville de Butembo

Centre ville de Butembo, Photo d'illustration © photo Manzekele Mwanamupenzi

[Blog] : Top trois d’événements qui mobilisent la population en ville de Butembo


Butembo, une ville située au Nord-Kivu, à environ 300 Km au Nord de Goma, à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), est réputée commerciale. Des opérateurs économiques de cette ville sont parmi les premiers en RDC à importer des produits manufacturés et autres biens d’Asie et de l’Afrique de l’Est. Mais, ici des événements qui mobilisent la population n’ont rien d’économique. 

En plein centre-ville de Butembo, ce sont des grosses bâtisses qui vous accueillent. Ici, la vie tourne autour du commerce. Selon les informations municipales, la ville regorge plus de 2 000 petites et moyennes entreprises. Au bureau de la fédération des entreprises du Congo, FEC, on enregistre plus de 33 corporations professionnelles qui regroupent plus de 3 000 opérateurs économiques.

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Ici, quelques maisons de commerce portent des noms de certaines contrées du Moyen-Orient : « Kidubaï en référence à Dubaï, Ngoanzhou en référence à une ville chinoise,… ». Certains vont jusqu’à qualifier cette ville de poumon économique de l’Est de la RDC. Mais, des événements qui attirent des habitants, sont loin de contribuer à l’économie locale.

  1. Deuil

Dans la tribu Yira (Nande), peuple majoritaire dans cette région, la population a toujours tenu les morts en haute estime. Le deuil et les cérémonies funéraires ont un sens particulier. Selon la tradition, en cas d’un décès, la communauté observe le « Chushi », une façon symbolique de manifester l’unité de la communauté. Il faut ainsi abandonner toutes ses occupations afin d’accompagner la personne décédée et compatir avec la famille éprouvée.

En cas de décès, des proches de la famille vont jusqu’à fermer boutiques, magasins pour se consacrer aux cérémonies funéraires. Des chaines de solidarité s’organisent aussi dans des quartiers. Et la journée se clôture par un bain de consolation avec des grands buffets. Les dépenses financières sont énormes, mais ici on dit « le deuil se pleure ». Ceux qui viennent compatir laissent une enveloppe (d’argent) à la famille éprouvée.

  1. Mariage

Il suffit de consulter des registres des mariages à l’Etat civil pour comprendre qu’ici les gens se marient à tout moment. Selon les statistiques de la mairie, en juin 2023, la ville a enregistré environs 138 mariages. Pour dire que la ville enregistre au moins 5 mariages par jour.

Lire aussi : Le Nande, ce peuple qui assiste impuissamment sa langue périr

Des invités peuvent aller de 500 à 1500 personnes. Certains abandonnent leur boulot, d’autres sèchent des cours, pour aller au mariage. Des publications de « Save the date » pour annoncer le mariage coutumier, civil ou religieux circulent sur des réseaux sociaux. Pas besoin d’attendre les publications des bancs de mariage.

  1. Les journées villes mortes

Ces journées sont souvent des initiatives des groupes des pressions et des mouvements citoyens ou encore par la société civile. Avant les années 2000, ces genres de manifestation ne mobilisaient pas la population.

La montée de l’insécurité , la situation socio-économique trop précaire ainsi que la course aux élections constituent des ingrédients essentielles pour ces manifestations. Dans une des rencontre de sensibilisation au développement, le maire policier, le commissaire supérieur principal Roger Mowa Baeki Telly, s’était même exclamé : « Ici quand on demande d’organiser des travaux communautaires, personne ne vous écoute. Mais quand on demander d’observer des villes mortes, les gens ferment les portes de leurs boutiques », s’inquiète-t-il.

Pourtant ces villes font perdre des millions de dollars à cette ville commerciale. Selon les recherches de Steven Mathe Kombi, dans son travail de fin de cycle en sciences économiques et de gestion, la ville de Butembo perd en moyenne trois millions des dollars américains chaque fois qu’il y a organisation d’une journée ville morte et qu’elle soit observée à 100%.

A Butembo, des événements qui attirent plus la population ne mobilisent pas de recettes. Au contraire, ils font perdre des capitaux à des individus ainsi qu’aux entreprises.

Umbo Salama


3 comments

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André SENGI MIGUEL

Un article costaud !
Beaucoup de force à ce média en ligne qui se démarque par son savoir-faire !
Respect 🙏

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Lwanzo malikidogo

La plume en or

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Gedeon Maliro

Bonjour, il faut comprendre simplement que Butembo est le centre d’un grand village. Ici on garde encore tout le patrimoine coutumier du munande dont l’une de ces caractéristiques est l’entraide.  » Ne faites pas la fête pendant que ça brûle chez le voisin ».

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