Cher poète Mapson, j’use du sang comme encre
Pour t’écrire ce pli qui dévoile le chancre
Dans l’armée, qui s’étend sur le peuple naïf.
À ce peuple j’écris: le silence est nocif.
De Madina j’écris. L’attaque cesse à peine;
Mes deux gardes sont morts et moi-même blessé;
L’effectif diminue et nous perdons l’haleine;
Pourtant l’ADF est proche il veut réattaquer.
Je n’ai que sept soldats blessés et sans courage
Qui viennent d’échapper à ce récent carnage
Du peleton rebelle, aux tirs de précision :
“C’est un jeu de nos chefs de trahir, cher Mapson.”
Mon commandant trahit les siens pour le poste;
Droit, il nous sacrifie, nous soldats sans niveau,
Nous mène à l’abattoir vifs: un fol holocauste;
Il oublie nos enfants, il oublie notre peau.
L’ennemi nous jalonne et la mort nous devance.
J’appelle notre Chef, il quitte la fréquence;
Nous perdons tout espoir face aux tirs ennemis:
Les soldats sont blessés, les chargeurs dégarnis.
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Nous sommes oubliés, cher Mapson, dans la brousse.
Aucun ne pense à nous, chacun à son boulot.
Vous n’imaginez pas des tels moments de frousse;
Nos chefs nous sacrifient, et vous restez sans mot.
Ô mon peuple distrait! As-tu peur de tes traîtres?
Sors ta lance, bats-toi! Fais de tes enfants maîtres;
Tue tout traitre interne et, poursuis qui te poursuit
Le temps d’être victime doit finir cette nuit.
Peuple haineux, le diable est caché dans l’église;
Lorsqu’il lui faut se battre il croit que viendra Dieu;
Il vous dit de prier quand là la terre est prise,
Quand le sang des enfants arrose son milieu.
Vous commerçants, Certains de vous sont des complices;
Les Imams, les pasteurs complices crient: Justices!
Peuple, identifie tout complice, tous meurtriers.
Choisis les jeunes forts pour qu’ils soient justiciers.
Invoque alors ton Dieu, invoque tes ancêtres;
Prie et combats. S’il faut tuer, il faut tuer;
La vie vient de la vie, et les êtres des êtres.
Tout passe, mais ton sol est à ta parenté.
Louange KATSUVA (au Poète Mapson)