[Poème] : Lettre d’ombre

Des militaires FARDC en patrouille

Cher poète Mapson, j’use du sang comme encre

Pour t’écrire ce pli qui dévoile le chancre

Dans l’armée, qui s’étend sur le peuple naïf.

À ce peuple j’écris: le silence est nocif.

 

De Madina j’écris. L’attaque cesse à peine;

Mes deux gardes sont morts et moi-même blessé;

L’effectif diminue et nous perdons l’haleine;

Pourtant l’ADF est proche il veut réattaquer.

 

Je n’ai que sept soldats blessés et sans courage

Qui viennent d’échapper à ce récent carnage

Du peleton rebelle, aux tirs de précision :

“C’est un jeu de nos chefs de trahir, cher Mapson.”

 

Mon commandant trahit les siens pour le poste;

Droit, il nous sacrifie, nous soldats sans niveau,

Nous mène à l’abattoir vifs: un fol holocauste;

Il oublie nos enfants, il oublie notre peau.

 

L’ennemi nous jalonne et la mort nous devance.

J’appelle notre Chef, il quitte la fréquence;

Nous perdons tout espoir face aux tirs ennemis:

Les soldats sont blessés, les chargeurs dégarnis.

 

Lire aussi : Un bilan inégal contre des ADF même sous Etat de siège

 

Nous sommes oubliés, cher Mapson, dans la brousse.

Aucun ne pense à nous, chacun à son boulot.

Vous n’imaginez pas des tels moments de frousse;

Nos chefs nous sacrifient, et vous restez sans mot.

 

Ô mon peuple distrait! As-tu peur de tes traîtres?

Sors ta lance, bats-toi! Fais de tes enfants maîtres;

Tue tout traitre interne et, poursuis qui te poursuit

Le temps d’être victime doit finir cette nuit.

 

Peuple haineux, le diable est caché dans l’église; 

Lorsqu’il lui faut se battre il croit que viendra Dieu;

Il vous dit de prier quand là la terre est prise,

Quand le sang des enfants arrose son milieu.

 

Vous commerçants, Certains de vous sont des complices;

Les Imams, les pasteurs complices crient: Justices!

Peuple, identifie tout complice, tous meurtriers.

Choisis les jeunes forts pour qu’ils soient justiciers.

 

Invoque alors ton Dieu, invoque tes ancêtres;

Prie et combats. S’il faut tuer, il faut tuer;

La vie vient de la vie, et les êtres des êtres.

Tout passe, mais ton sol est à ta parenté.

 

Louange KATSUVA (au Poète Mapson)


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