Le Kihunde est une des langues parlées au Nord-Kivu, à l’Est de la RDC. Comme, plupart des langues locales en RDC, elle tend à la disparition, car la grande majorité des langues sont désavantagées par rapport aux quatre langues : Français, Lingala, Swahili, Kiluba et Kikongo. Hangi Bulebe Méthodes se bat aujourd’hui pour valoriser le Kihunde.
Premier pays le plus peuplé de l’Afrique francophone, la République Démocratique du Congo (RDC) regroupe plus de 400 ethnies réparties sur l’ensemble du territoire. Autant d’ethnies que de langues: la RDC est l’un des pays les plus multilingues de l’Afrique, mais cette diversité n’est ni reconnue ni soutenue par les autorités au niveau de l’éducation.
Connue pour sa grande superficie et située en Afrique Centrale, la République Démocratique du Congo (RDC) est le deuxième pays le plus vaste d’Afrique, après l’Algérie. La RDC se positionne comme le troisième pays le plus peuplé de l’Afrique après le Nigeria et l’Éthiopie, avec plus de 112 millions d’habitants.
Mais la très grande majorité des langues sont désavantagées par rapport aux quatre langues reconnues comme nationales : le Français, qui est la langue officielle, le Lingala, le Swahili, le Kituba ou kikongo et le Luba-kasaï ou Tshiluba.
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Cette dévalorisation des langues locales n’est pas du goût de Hangi Bulebe Méthodes, citoyen congolais très engagé dans le domaine de la défense du pluralisme linguistique. À travers son association Congolese Language and Culture Revitalization (CLCR asbl) dont il est le coordinateur, il s’engage pour redonner vie aux langues locales africaines en commençant par celles de son pays.
Dans une interview accordée par email à Global Voices (GV), il décrit la situation actuelle des langues locales en RDC et explique le fondement de son combat.
GV: Comment se fait la pratique des langues locales en RDC? Sont-elles enseignées à l’école?
Hangi Bulebe Méthodes : Notre pays compte plus de 450 langues. Mais parmi toutes ces langues, il n’y en a que quatre qui sont enseignées à l’école: le Lingala, le Swahili, le Kikongo et le Tshiluba. D’ailleurs, ces quatre langues sont les seules considérées comme langues nationales alors que d’autres langues pourraient jouir des mêmes privilèges. Les autres langues locales ne sont pas autorisées à l’école, ce qui est à mon avis une autre marque du néo-colonialisme.
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La question que l’on se pose est pourquoi, au moins dans les villages où tout le monde partage une langue locale commune, on pourrait autoriser l’enseignant à communiquer certaines notions à travers la langue du village. La plupart des langues locales en RDC tendent à la disparition à cause de la modernisation, la mondialisation, des religions, des études, et des guerres à répétition ( Première guerre du Congo, deuxième guerre du Congo et la guerre de Kivu) qui renvoient à la dispersion de la langue et la culture.
GV: Au travers de votre engagement, que faites-vous concrètement pour la promotion de ces langues locales?
Hangi Bulebe Méthodes : En fait, c’est mon engagement et ma détermination pour la cause des langues locales qui m’ont poussé à créer l’association Congolese Language and Culture Revitalization (CLCR asbl) dont je suis le coordinateur. Actuellement, nous nous concentrons sur la langue Kihunde. qui appartient à la famille des langues bantoues. Nous avons mis en place des stratégies, créé des centres d’alphabétisation et d’apprentissage de cette langue. Avec l’association, nous initions petit à petit la population à la revitalisation des langues locales notamment par la documentation.
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Tout en respectant les cultures et traditions de chaque ethnie, nous mobilisons et nous sensibilisons les gens à parler leurs langues de façon volontaire. Nous travaillons de sorte à faire disparaître les principes qui nous ont été perfusés et qui nous obligent à considérer que tout ce que l’homme africain fait est aussi noir que lui. Nous sommes dans l’obligation de prendre avec beaucoup de considération nos langues et nos cultures.
GV: Quelle place occupe les outils numériques dans la promotion des langues locales de la RDC?
Hangi Bulebe Méthodes : Les outils numériques nous aident beaucoup dans notre engagement en faveur des langues. Nous utilisons les plateformes numériques et surtout les réseaux sociaux tels que Facebook, WhatAapp, Twitter, Telegram, Instagram pour nous connecter au monde et faire connaître ce que nous faisons. Nous disposons de groupes et de pages sur ces différents réseaux qui nous permettent de propager très facilement les informations linguistiques. Des gens ont commencé par apprendre le Kihunde à travers nos publications sur les réseaux. Donc le numérique contribue aussi en partie dans l’atteinte de nos objectifs.
GV: Que faut-il faire pour que les langues locales en Afrique soient connues de tous?
Hangi Bulebe Méthodes : Je sais que les langues locales dans tous les pays d’Afrique font la guerre entre elles et la plus forte avale l’autre. Mais je suis vraiment convaincu que si un travail sérieux se fait sur nos différentes langues locales avec l’appui des autorités, que ce soit au niveau local ou national, petit à petit certaines langues locales seront connues de tous. Mais à l’heure où nous sommes, le chemin est encore long et il y a beaucoup de travail à faire.
Félicitations bonne initiative, courage pour la valeur de la langue kihunde en rennaissence.
Cette approche doit être élargie, pour d’autres langues en disparition comme le kinyanga qui mérite aussi un enseignement.