L’évolution et le parcours d’une personne corrompue sont les mêmes que pour un voleur, un fumeur ou une prostituée. Plus on est ancien et habitué, moins on a honte ! Parmi les maux qui rongent la société congolaise, la fraude et la corruption sont au premier rang !
Vous est-il arrivé d’observer un fraudeur, un corrupteur, un fumeur ou un prostitué ? La première cigarette on la fume en cachette. Au fur et à mesure qu’on s’y adonne, on finit un jour par fumer au grand jour. Et à la longue, on commence même à ramasser des mégots. Le voleur aussi commence par de petites sommes d’argent de la chambre des parents, un jour il va exceller en visant des sommes colossales, même dans des banques. La même observation se fait chez les prostitués. Au début, on a honte. Avec le temps, on se vante pour son métier.
De même, quand on commence à accepter des pots de vin. Au début ce sont juste des petites sommes que l’on reçoit en cachette. L’activité se passe même à des heures tardives de la nuit pour éviter des surprises indésirables. « La peur vous hante. Vous transpirez et suez au point d’avoir du mal à tenir même un stylo », explique un agent du service de l’économie. Des promesses de confidence du genre « ne le dis à personne,… garder le secret,… il faut savoir grandir… », sont tenues. Puis, de fil en aiguille, on finit par exiger plus, sans se cacher. C’est comme ça que font certains corrompus en RDC.
Quel chauffeur congolais n’a jamais vu des policiers de roulage tendre la main pour qu’on leur glisse un billet de 500 ou 1000 francs congolais ? Qui, dans un aéroport ou n’importe quel autre établissement de service public en RDC, n’a jamais entendu parler de « madesu ya bana », entendez le « haricot pour les enfants » ? Au Congo, la corruption ne se cache plus ! Cela se passe au grand jour, au vu et au su de tout le monde. Comme si l’expression « dessous de table » serait devenue « dessus de table » en RDC.
Accroc de la corruption
Pour chaque service public, que ce soit pour la demande d’un permis de conduire ou d’un passeport, ou même le paiement des taxes et impôts, il est devenu normal pour un Congolais de préparer quelques billets de banque de plus pour corrompre, en plus des sommes légales exigées. Et quand on l’a fait une première fois, on en devient accroc. Très difficile de décrocher malgré les risques encourus. Tout comme le fumeur qui sait qu’il va au-devant d’un cancer des poumons, mais qui fume quand-même. On peut dire « tolérance zéro dans des bureaux », mais qui observe ce principe ?
presque tout le monde est empêtré dans la corruption dissimulée sous plusieurs appellations. La corruption semble devenir une chose normale que personne n’ose dénoncer. C’est un peu comme un criminel bien connu de tout le monde, mais qu’on laisse vivre tranquillement dans la société.
Toute chose a une fin. Mais il existe des fins malheureuses. Les corrompus finissent souvent mal. En swahili on dit : « Siku ya mwizi ni arbayini », pour dire que les jours d’un voleur sont comptés et qu’on le voit finir mal. Un homme qui toute sa vie n’a fait que récolter de gros montants de corruption, tombe souvent le jour où il prend une modique somme d’une mauvaise personne. « Souvent ils tombent pour avoir exigé une simple bière comme corruption », disait un agent de l’Office de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption (OBLC).
Il vrai que toute chose a toujours une fin, mais il y a aussi des fins malheureuses. C’est comme finir dans des mégots, dans des muettes sommes d’argent,… Alors qu’on a ruiné sa santé, les caisses de l’Etat,… Apprendre à fumer, à frauder, à corrompre ou à se prostituer c’est aussi s’attendre à une fin. Si un fumeur peut arrêter, vous le pouvez aussi.
Umbo Salama