Au Nord-Kivu et en Ituri, à l’Est de la RDC, le nombre de malades et décès dus à la Covid-19 est en hausse. Certaines structures sanitaires sont débordées, des agents de santé s’inquiètent de leurs prises en charge, et des intrants pour soigner des malades en déficit.
« Plus de dix enterrements par jour ! », s’exclame Alphonse Kambiri, tenancier d’une cabine des unités de communication près de l’Instigo (Institut de Goma) après le passage d’un cortège funèbre qui se dirige au cimetière de Makao sous un soleil ardent de ce jeudi 15 juillet. « Avant, les gens ne mouraient pas en nombre, mais ces derniers temps, nous assistons à plusieurs funérailles. On ne sait plus à quel saint se vouer », embraye-t-il.
Dr Jean-Jacques Muyembe, coordonnateur du secrétariat technique de la riposte contre la pandémie à coronavirus, fait savoir que l’épicentre de la maladie s’est déplacé de Kinshasa vers les provinces de du Nord-Kivu, de l’Ituri et du Haut-Uele. Dans ces entités, plusieurs cas de décès sont enregistrés ces derniers jours.
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Les statistiques de la DPS (division provinciale de la santé) antenne de Butembo parlent de 201 cas confirmés enregistrés durant la semaine 29 (du Lundi 19 à Dimanche 25 juillet 2021). « Une hausse du taux de contamination quatre fois plus que la semaine 28 (du 12 au 18 juillet 2021) où on avait enregistré 193 cas confirmés. C’est au aussi plus de 10 fois que les autres semaines. La personne la plus âgée avait 93 ans et la moins âgée avait deux ans. Et avec ça, on comprend que la maladie touche toutes les tranches d’âge », le pharmacien Guy Makelele, coordonnateur de la riposte contre covid-19 dans la division provinciale de la santé.
Infirmiers exposés, pas supportés…
Dans les hôpitaux, de nombreux patients sont réanimés et la demande d’oxygène a augmenté. D’autres malades sont suivis à domicile faute d’espace dans des structures sanitaires. Des infirmiers indiquent qu’ils ne disposent pas de moyens nécessaires pour prendre en charge tous ces malades. Les espaces sont limités. « Même la morgue a dû mal à accueillir tous les morts. On est vraiment débordé ici. Malheureusement le gouvernement ne sait même pas trouver des solutions à nos revendications », s’indigne une infirmière à l’hôpital général de Goma qui a voulu rester anonyme et qui précise que même quelques-uns de ses collègues ont été contaminés de covid-19 pendant qu’ils soignaient des malades.
Par moment il n’y a pas du courant dans des hôpitaux. Des petites pannes au niveau des machines sont fréquentes,… Mais les personnels soignants s’efforcent de faire de leur mieux. A Bunia, capitale provinciale de l’Ituri, certains proches des malades, surtout des malades qui sont sous oxygène, viennent à l’hôpital avec des groupes électrogènes pour palier la carence en électricité. « C’est même difficile de récupérer les heures de sommeil pour nous personnel soignant œuvrant en équipe tournante. Surtout ces jours-ci. Je ne pense pas qu’il y ait un seul hôpital ou centre hospitalier qui ne soit débordé », pense la prénommée Cécile infirmière dans une structure de Goma.
Au même moment les personnels soignants non médecins menacent d’entrer en grève. Dans une lettre qui date du mercredi 28 juillet ces professionnels de santé dénoncent ce qu’ils qualifient d’attitude « discriminatoire et injuste » du gouvernement pour avoir annoncé aux infirmiers que préoccupations seront prises en compte dans le budget de l’année 2022.
A la déclaration d’Ebola dans le territoire de Beni en Août 2018, la grève des personnels soignants avait entraîné un défaut de suivi des malades, et les conséquences s’en étaient suivies : décès communautaires, montée des contaminations, …
Oxygène, médicaments, vaccins… autre casse-tête
C’est un fait : il y a tellement des morts et des patients avec détresse respiratoire. « Nous ne disposons que de trois usines de production d’oxygène au Nord-Kivu. Toutes ces usines sont concentrées à Goma. À Butembo et Beni, nous n’avons aucune usine pour produire de l’oxygène. Les trois usines de Goma ont du mal à desservir les hôpitaux. Nous sommes obligé d’importer de l’oxygène, et cela nous coûte extrêmement cher », fait savoir Docteur Janvier KUBUYA chef de division de la santé en province du Nord-Kivu.
Par moment il y a un retard dans la prise en charge de certains malades, des bouteilles pour conserver de l’oxygène étant insuffisantes. « A côté du problème d’oxygénation, il n’y a pas des nouvelles variétés de dose pour la vaccination pourtant très attendues. Aussi le contrôle biologique cause problème par d’équipements de prélèvement. Et même il y a carence des médicaments prévus dans le Protocol national de lutte contre covid-19 », indique le Pharmacien Guy Makelele au cours du point de presse du lundi 26 juillet.
Variant très dangereux : delta et alpha
Pour comprendre le pourquoi de flambée des cas positifs en ville de Butembo, par exemple, le coordonnateur de la DPS antenne de Butembo indique qu’après le séquençage au laboratoire de l’Institut National de Recherche Biomédicale, INRB au niveau de Goma, Butembo fait face aux variant Delta et Alpha. « Le variant delta est bel et bien surplace. C’est presque le 80% d’échantillons analysés qui ont montré que le variant Indien Delta était déjà présent. Et 20% c’est plutôt le variant Britannique Alpha », a-t-il expliqué. Et seules les mesures barrières peuvent protéger la population surtout que la plupart d’entre les infirmiers travaillent dans des conditions difficiles.
Umbo Salama
Merci beaucoup pour les nouvelles d’informations sur les pandémies actuelles, je souhaite que l’équipe de riposte songe à travailler avec les radios des qui restent dans les provinces touchées