Pratiquer le petit commerce pour se payer les frais scolaires


Pour se payer les frais scolaires, des enfants en âge scolaires sont parfois obligés de vendre des petits articles en détails, les friandises… Victimes des différents conflits familiaux ou de la pauvreté des parents, ces enfants sont aussi exploités par l’état.

Chaque jour après les cours, dès 13 heures, le prénommé Héritier, élève en première secondaire vaque à son occupation quotidienne : orner et rendre beau les ongles des femmes. Dans sa main gauche, un petit panier dans lequel sont entassés des flacons de vernis et des lames de rasoir,… et un petit tabouret garnis d’éponge, dans sa main droite. Ce métier lui permet de payer ses frais scolaires, habits et de répondre à des petites dépenses. « Je ne cesse de remercier Dieu de m’avoir accordé le courage et une bonne santé », indique-t-il après avoir maquillé et orné les ongles de Maman Milka, une vendeuse des habits usagers.

Comme Héritier, plusieurs jeunes, filles et garçons, en âge scolaire, sillonnent les rues et avenues de la ville pour les mêmes objectifs : vendre des petits trucs et gagner de l’argent. Ces jeunes dont l’âge varie en majorité entre 6 et 16 ans, font le tour de la ville en vendant des sachets, des œufs, des beignets, du pain, des cacahouètes, des torches,… D’autres restent dans la ville jusqu’aux heures tardives et sont visibles dans des bars et buvettes où ils vendent des noix des colas, des gingembres,… On penserait à des enfants de la rue… « La plupart ne sont pas des enfants en rupture familiale. Ils ont encore un toit paternel et sont réellement à l’école. Mais, ça inquiète! », s’exclame Fabrice Nzama, universitaire et sociologue.

Se faire étudier soi-même

Nombreux de ces enfants sont victimes des problèmes familiaux : perte de parents, parents sans emploi, séparation des parents, polygamies, enfants nés hors mariage, parents peu soucieux de la famille… « Quand mon mari a perdu son emploi et qu’il s’est mis à boire sans plus se soucier de nous, je n’ai pas eu de choix que de me préoccuper des beignets et demander à ma fille de les vendre dès qu’elle quitte l’école. Ça n’a pas allé au début  mais depuis qu’elle a accepté de travailler, je n’ai plus de problème pour la faire étudier », confie Espérance Kanyere, une mère de six enfants.

Même son de cloche pour cet enfant rencontré au rond-point aux heures tardives dans un restaurant en ville de Beni : « Notre papa nous a abandonné il y a 5 ans pour vivre avec une autre femme. Depuis, il ne se souci plus de nous et maman n’a pas d’emploi. Pour ne pas abandonner les études j’ai jugé bon travailler dans ce restaurant chaque jour après cours. Ce que je gagne me permet d’étudier et de fois nourrir la famille ».

D’autres enfants travaillent pour des tiers personnes est sont payés par jour entre 1000 et 2000 Fc. « Pendant les grandes vacances j’ai réussi à épargner 60$. Ce qui me permet de m’acheter moi-même de fournitures et de payer les frais scolaires », explique Kambale Kiriko, 13 ans, avec une sourire aux coins des lèvres  et qui vend à la criée des pains pour une boulangerie pour être payé 1500 fc à la fin de la journée.

De lois laissées pour compte

Selon les statistiques de l’état civil de la ville de Butembo, plus de 145017 enfants en âges scolaires ne sont pas à l’école. Le poids des études pèse toujours sur les parents à ce moment de crise où bon nombre n’a pas d’emplois. « Nous supposons que les parents sont capables de payer les frais scolaires. Notre devoir est de les accueillir, de les fournir un enseignement de qualité. Au tour de leurs parents de se conformer à la situation actuelle », explique un agent de la division urbaine de l’EPST (Enseignement primaire secondaire et Technique). Dans plusieurs écoles, on prend en compte les doléances des parents en difficulté pour que les enfants étudient normalement.

Pourtant la constitution de la R.D.Congo reconnaît le droit aux études pour tout enfant congolais. Cette même constitution indique que les parents et le gouvernement ont tous l’obligation de protéger l’enfant. Selon plusieurs associations de défense des droits de la femme et de l’enfant « Même l’état qui ne leur facilite pas l’accès à l’éducation leur fait payer des taxes et donne des statuts légaux aux associations des ces mineurs commerçants, qui, tous, devraient obligatoirement se trouver à l’école ». « On leur vole leur enfance ».

Rédaction