En république démocratique du Congo et plus précisément à l’Est, zone en proie à l’insécurité, la femme rurale occupe une place capitale dans l’agriculture familiale. Elle assure la survie de sa famille. Ces femmes nourrissent et soignent leurs enfants et maris. Plongé dans la vie de ces femmes héroïnes de tous les jours, Joseph Tsongo de « Amani Institute » nous présente ici leur récit.
Kanyabayonga est une commune rurale située en cheval sur les territoires de Rutshuru et Lubero en province du Nord-Kivu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Dans cette agglomération située au nord de Goma, on cultive patates douces, ananas,… Les produis des champs sont consommés par les familles ou bien vendus.
En ce dimanche, Margueritte Kavira ne prend pas le chemin de l’église. Houe à la main et un sac sous le bras, on dirait qu’elle a perdu la foi. Elle est catholique mais elle se dirige vers son champ, situé non loin de l’agglomération. La soixantaine révolue, Margueritte a un moral de fer. Ce n’est donc pas cette rosée matinale qui l’effraie. Sa détermination ne cache pas la frustration. A contrecœur, elle va au champ. Elle est obligée.
C’est elle qui subvient aux besoins des siens. Elle a sous sa responsabilité son petit-fils. Le jeune père est mort il y a une année. « J’ai lassé quelques ananas à la surface la dernière fois que j’étais au champ. J’attendais qu’ils murissent pour les amener tout droit au marché », raconte-t-elle. Sinon, dans son ménage, c’est la faim assurée. Et son mari ? Il a presque démissionné de son devoir familial. Comme la plupart des hommes de cette contrée.
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« Les hommes s’occupent de politique »
Dans une série des évaluations genre des pays dénommée « Profil national genre des secteurs de l’agriculture et du développement rural », le programme des Nations unies pour l’alimentation et l’Agriculture, FAO, indique que dans le secteur agricole, la rémunération des femmes pour une proportion de 63% est en nature et en argent à seulement 12% alors que 7% de femmes n’ont pas de rémunération.
La femme n’a qu’un seul choix : « faire le champ malgré elle ». Elle est l’unique garante de sa famille pendant que son homme passe son temps à « boire et s’amuser avec les femmes libres ». Margueritte n’est pas la seule dans cette situation. Dans cette zone, on dirait que c’est une coutume, une tradition bien ancrée : « la femme fait seule les champs ». D’autres femmes, aussi vieilles que Margueritte, s’adonnent à l’agriculture vivrière sur des petits lopins de terre proches ou éloignés de leur village.
Des champs qu’elles cultivent avec le peu de force qui leur reste encore dans ce troisième âge pénible. « Il ne fait pas bon vivre au village. La femme paysanne est en train de consentir tout ce sacrifice pour épargner sa famille de la faim qui guette. Et les hommes ne s’en émeuvent guère », déplore une autre vieille femme combattante, rencontrée quand elle cultivait des patates douces. « Beaucoup d’hommes au village abandonnent la quasi-totalité des charges familiales à la femme. Cela, pendant qu’eux passent l’éclair de leur temps à s’amuser aux jeux. Les hommes discutent et s’occupent de politique en groupuscules sous les arbres et échoppes bordant l’artère principale de Kanyabayonga », analyse un sociologue avant de poursuivre : « Nombre de ces hommes n’ont pas de travail. Ils ne rentrent que le soir dans leurs ménages pour manger, souvent en état d’ébriété ».
La femme au four et au moulin
Les défis auxquels sont confrontés les agriculteurs familiaux dans cette partie du pays sont énormes. Les femmes souhaitent voir les hommes les épauler afin d’accroitre la production. Si certains hommes reconnaissent le rôle prépondérant joué par les femmes dans l’agriculture familiale, d’autres par contre sont méfiants envers la femme. Au même pied que la femme, si l’homme s’engage dans le travail agricole, le monde rural ne va plus souffrir du désastre auquel il semble prédestiné.
En attendant cette prise de conscience, Margueritte ne se décourage pas. Elle vend des ananas aux voyageurs faisant halte à Kanyabayonga, sur la route Goma-Butembo. « Grâce à la vente de mes récoltes de cette saison culturale, j’ai récemment payé les frais scolaires du premier trimestre pour mon petit-fils. Aussi, ai-je apuré les dettes des soins de santé. Le reste de la production est destiné à la consommation en famille», confie-t-elle, la mort dans l’âme.
Joseph Tsongo, amani institute
Bravo à la Femme pour sa ténacité.
L’agriculture familiale c’est l’unique secret de la survie familiale. Et si elle est encadrée et accompagnée; elle donnera des revenus à la famille.
ANDER RDC, notre association est en œuvre pour cet accompagnement et l’encadrement.
Nous sommes à Butembo sur l’avenue mususa au numéro 28. Aussi sur Facebook : ANDER et Amis. ±243852170320 & +243995432939
Merci
Mbusa B.
Nous vous promettons que prochainement on pourra se pencher la manière dont vous encadrez et accompagner pour une agriculture familiale pérenne