Des coupures intempestives d’électricité à Butembo et Beni causent souvent de dégâts. Mais des abonnés de la société Energie du Nord-Kivu (ENK) ne mènent aucune action contre ces préjudices et se limitent à des lamentations.
Du lundi 11 à mercredi 13 janvier 2021 Butembo et Beni, à l’Est de la RDC, étaient dans le noir. A la base la coupure intempestive du courant. Des coupures à la base de certains dégâts. Un détenteur d’une mini-chambre froide sur l’avenue du Centre en ville de Butembo explique qu’il vient d’enregistrer une perte de 17 500$ à cause de ces coupures. « Le dimanche soir j’ai déchargé 450 cartons de poissons frais de type Thompson. Chaque carton est évalué à 78 000 CDF soit 39$. Toute la marchandise est maintenant décomposée car elle n’a pas pris assez de froid suite à la coupure du courant le matin de ce lundi 11 janvier », se plaint cet entrepreneur, ne sachant à qui se vouer. La situation est similaire à l’atelier des électroniciens « Electronic Power » qui a enregistré une perte de plus de 400 œufs qui étaient en incubation.
Même des structures sanitaires se plaignent des coupures intempestives du courant. Mumbere Kulala Gerlas, responsable du service de néonatologie à l’hôpital général de référence de Katwa, explique que ces coupures causent des sérieux problèmes surtout en cas de réanimation des nouveaux nés-prématurés. « Quand nous sommes en train de réanimer les nouveaux nés et que subitement il y a coupure, ça cause vraiment des problèmes. On fait des vas et viens pour aller allumer le groupe électrogène et brancher d’autres matériels. C’est compliqué vraiment », s’indigne-t-il. Difficile pour lui de maitriser sa colère. Dans une autre structure sous couvert d’anonymat, le responsable indique que ce courant a déjà endommagé un appareil qui coûte 10 000$.
Des excuses… oui,… et les réparations ?
Des ateliers de menuiserie ou d’ajustage, des radios locales, cabinets de téléchargement de musique, charges des téléphones, salons de coiffure, bistrots et même des hôpitaux et institutions financières éprouvent du mal à fonctionner pendant ces coupures intempestives et répétées d’électricité. Mais aucune plainte des abonnés d’ENK n’est jusque-là enregistrée dans différents tribunaux. « Nous ne savons pas où nous plaindre. Mais aussi nous savons que cette société est protégée par les autorités de la place », indique un abonné qui a voulu rester anonyme.
… Lire Aussi : Entre la STS/ENK et ses abonnés de Beni-Butembo, le courant passe difficilement…
Selon plusieurs juristes, des consommateurs victimes de ce genre de dégâts ont le plein droit de porter plainte devant la justice. « Tout fait quelconque de l’homme qui cause préjudice à autrui, oblige celui par lequel il est arrivé à le réparer », dit en effet l’article 258 du Code civil congolais, livre III. « Ils peuvent réclamer la restitution de leurs biens endommagés, et le payement de dommages et intérêts. Les juges ont plus souvent alloué aux plaignants la réparation en termes de compensation, évalué en argent », dit un avocat. Mais il faut avoir des preuves suffisantes.
De son côté, le Directeur des opérations d’ENK se limite aux excuses. Anthony Claverie parle d’une foudre qui a frappé ses installations durant la pluie le lundi 11 janvier 2021. « La foudre a endommagé nos systèmes de protection », a-t-il laissé entendre en promettant rétablir le réseau électrique dans une semaine. « On ne peut pas travailler sous tension. Nous sommes obligés de couper certaines cabines pour préserver nos techniciens et nous permettre de travailler en toute sécurité », explique-t-il.
Nombreux sont ceux qui pensent que cette société d’électricité a déjà donné les preuves de ses limites pour répondre aux attentes de la population.
Umbo Salama