Avec espoir d’aller vivre dans des pays occidentaux, des jeunes de Butembo et de Beni (au Nord-Kivu, à l’Est de la RDC) ou même de l’Ituri qui se rendent à Kampala (capitale Ougandaise) disant aller poursuivre des études, se déclarent des réfugiés. Déçus de ne pas atteindre leurs objectifs, ils ont du mal à retourner en RDC.
Ils sont appelés « Bikingo (des congolais) » ou « Bizaïre (des zaïrois) », ces congolais de la RDC qui préfèrent vivre en Ouganda. Certains se font passer pour des réfugiés afin de gagner la confiance des services d’immigration de l’Ouganda. Ils sont très visibles dans des avenues et rues d’Estate, Kirombe, Kevino, Gogonya, Ave Maria,… dans le quartier Nsambya de Kampala en Ouganda. « La journée vous les voyez toujours en veste, on dirait des bureaucrates. Le soir venu, ils ne peuvent même pas vous conduire là où ils passent la nuit. Ils logent dans des bicoques où ils s’entassent à 10 ou 15 personnes », s’étonne un agent du département d’enregistrement des réfugiés, à Kampala. Et deviennent aussi des grands choristes dans des Eglises de Réveil.
Plusieurs jeunes de Beni et Butembo ont commencé à fréquenter des villes de l’Ouganda durant l’occupation de cette Zone par une rébellion appuyée par l’Ouganda en 1998. En cette période, des campagnes du genre vivre et étudier aux USA, au Canada,… envoutaient des jeunes qui finissaient les études secondaires ou universitaires. Nombreux sont partis et ne sont jamais revenus… et personne dans la région de Beni Butembo ne sait dire ce qu’ils sont devenus. Les rares qui reviennent, ne présentent pas des diplômes obtenus.
Aller à Poto ou Mikili (en Occident)
Dans la capitale ougandaise, ces congolais sont animés par l’ultime souci d’aller en occident (Poto), convaincus que le statut de réfugié leur facilitera la tâche. « Je ne rentrerais plus au Congo, je vais chez les Blancs », jure le prénommé Zawadi, un Congolais originaire de Beni, sortant du bureau du département des réfugiés dans les enceintes de la police Ougandaise, où il est allé se faire enregistrer.
Pour eux, les conditions de logement importent peu. « L’essentiel est de trouver là où s’allonger et de quoi se mettre sous la dent », déclare Silvie Syakoma, convaincue qu’elle va se rendre au Canada dès que les lignes des vols internationaux vont débuter. Celle-ci partage une seule chambre de 3 mètres carrés avec ses six amies.
Quand ils voyagent pour l’Ouganda, ils annoncent aller poursuivre des études supérieures ou universitaires à Kampala. « Certains quand ils viennent de passer beaucoup de temps en Ouganda sans s’obtenir le statut de réfugié alors qu’ils ont déjà vendu tous leurs biens, ils éprouvent des difficultés de retourner dans leur pays », affirme un chauffeur qui fréquente beaucoup la capitale Ougandaise.
Tout est bon pour survivre
L’Ouganda étant l’une des contrées qui ravitaillent une partie de la RDC en produits manufacturés, des Congolais qui y vivent, s’adonnent à l’activité de courtier ou de dockers. Et de femmes vivent de l’importation de l’huile de palmes et de certains épices.
Vers la fin de l’année (au mois de novembre) c’est le ramassage et la vente des sauterelles qui permettent à certaines femmes congolaises vivant en Ouganda de survivre. « C’est beaucoup d’argent avec des sauterelles qu’on envoie au Congo», atteste maman Lysa Mwengesyali, une ressortissante de Butembo. D’autres deviennent des servants dans des restaurants ou hôtels, ou des huissiers, etc., « Plus question de rentrer au Congo », déclare sous anonymat un ressortissant de la RDC qui est à sa troisième année en Ouganda.
Umbo Salama