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Laver des véhicules, un métier rentable et de réinsertion des jeunes en ville de Butembo

Laver des véhicules, un métier rentable et de réinsertion des jeunes en ville de Butembo


A Butembo, au Nord-Kivu, à l’Est de la RDC, des lieux de lavage de véhicules et autres engins roulants se multiplient. A côté du lucre, ceux qui initient ces activités indiquent qu’ils pallient aussi aux problèmes de l’emploi et de l’encadrement de la jeunesse.  

Kamala Gervais est un chauffeur de voiture sur les axes Butembo-Beni, Butembo-Mangurejipa et Butembo-Goma. En 2018 il crée une agence de lavage des engins roulants. Cette agence encadre aujourd’hui une vingtaine de jeunes. Comme lui, des anciens chauffeurs, des propriétaires des véhicules et certains jeunes entrepreneurs se lancent dans des services des laveurs des véhicules. « Je suis encore chauffeur et je vaque calmement à mes occupations. A la maison, demander aux petits frères ou aux neveux de nettoyer le paraît comme une corvée. Et cela impact sur leur temps d’étudier et au aussi sur la facture de consommation d’eau. Les services de lavage de véhicule permet ainsi de limiter ces problèmes », explique Kamala Gervais, propriétaire du lavage « Jésus prince de la Paix ».

Opportunité d’encadrer des jeunes

Il y a encore quelques années, pour laver son véhicule ou sa moto il fallait compter sur des personnes avec qui vous habitez dans la parcelle. « Les eaux qui ruisselaient du lieu de lavage occasionnaient des mésententes avec des voisins. Nombreux jugeaient bon laver leur véhicule au bord des rivières », explique Mathe Alexis, qui lave des véhicules depuis dix ans. Il suffisait de réunir quelques jeunes du quartier à qui on remettait un ballon de1000 Fc et le tour était joué. « C’est ce qui nous a interpellé et nous avons bon jugé nous lancer dans la carrière des laveurs des engins roulants », poursuit Kamala Gervais.

Aujourd’hui la ville compte plus de trente agences de lavage et chaque lavage peut encadrer à lui seul entre 20 et 50 jeunes. « Ce métier demande plus de courage et de l’endurance.  Chacun est payé à la proportion des engins lavés. Le soir, chaque agent passe à la comptabilité et récupère la moitié de la somme payée par les clients.  L’autre moitié revient à l’entreprise pour les factures de l’eau, le loyer de l’espace, les taxes et impôts, et autres charges », témoigne Masika Kataliko Benedict, secrétaire de lavage Kalamu. Cette entreprise combine le métier de lavage, d’agence de voyage et de vente du carburant.

Organiser le métier

Des témoignages concordants indiquent qu’un laveur peut gagner en une journée entre 10 000 Fc et 15 000 Fc (environs 5 ou 8 $). « C’est mieux que certains vendeurs des boutiques. Avec ce que je gagne, j’ai entamé un élevage des petits bétails et je subviens aux besoins de ma famille », s’enthousiasme Abdoul Kipé, avec un petit sourire au coin de sa bouche. D’autres témoignages indiquent que plusieurs d’entre ces jeunes qui rendent propres des véhicules en ville sont déjà responsables des mototaxis pour le transport en commun. D’autres qui ont des diplômes d’état comptent poursuivre les études supérieures grâce aux montants qu’ils gagnent. Kaseraka Mukohe, électricien et laveur  chez Jésus princes de la paix précise qu’il n’est pas facile de combine deux activités au même moment. Je suis dans ce travail il ya 2ans faute des frais académiques.

Des promoteurs de ces lavages comptent de se réunir en association pour organiser leur métier et lutter contre certaines tracasseries. Car selon eux, nombreux des lieux de lavage ne respectent pas les normes encore. « Avant d’ouvrir  un lavage on doit d’abord faire l’étude pour se rassurer de la qualité du sol, la proximité avec la source d’eau, avoir un puits et des motopompes. Aussi on doit avoir un espace suffisant pour qu’il y ait un libre passage et un parking », conseille Ingénieur Kahathane Messager.

Serge Nzanzu