Après l’interdiction de la pêche dans les étangs piscicoles à Kyanganda et Luseke, dans le territoire de Lubero (Nord-Kivu), dans le groupement Manzia, en zone de santé de Biena, à environs 70 Km à l’Ouest de Butembo, le gouvernement provincial du Nord-Kivu procède depuis le lundi 11 mai à l’incinération des poissons attaqués de la maladie de staphylocoque. Il s’agit aussi de vider des étangs de la zone. Une décision que désapprouvent des pisciculteurs. Mais ils n’ont pas de choix.
Sous un soleil de plomb du lundi 11 mai, devant une foule réunie pour la circonstance, le fonctionnaire délégué du gouverneur explique le danger que représente cette maladie qui attaque des poissons dans la zone de Kyanganda et de Lusheke. Il s’appuie sur les résultats du laboratoire microbiologique du centre de diagnostic de l’Université catholique du Graben (UCG) de Butembo, où des échantillons avaient confirmé que ces poissons sont infectés par des microbes de type levures de champignons et des coques des staphylocoques.
Pour cette première journée, au total 8 étangs sur les 26 que compte la région, ont été vidés des eaux. Des poissons de ces étangs ont été incinérés, pour leur part. « Dans cette zone notre association compte à elle seule 26 étangs et c’est la source principale des revenus de nos membres qui sont en majorité des personnes vivant avec handicapes. C’est une perte énorme pour notre association mais aussi pour la région », s’indigne Aimé Kibendelwa, coordonnateur de JPROG (Jeunes pour le progrès et la bonne gouvernance), association qui encadre plusieurs jeunes et paysans dans le domaine de l’agriculture, pêche et élevage.
Privilégier le traitement en Pénicillines
Les étangs piscicoles de Kyangada sont parmi les rares qui fournissent en poisson plusieurs villages de ce coin, très éloignés du Lac Edouard. Dans ce village, deux variétés de poisson sont plus élevées. Il s’agit du Tilapia (apprécié pour sa multiplication rapide) et du Clarias qui lutte contre des prédateurs des poissons (serpents, crapaud,…). « Eriger un étang peut vous coûter facilement 500 $. Et des alevins vous consomment d’autres 500 $. A cela il faut ajouter l’alimentation et le suivi pour aboutir à des résultats escomptés. Imaginez aujourd’hui le sort de ce pisciculteur qui perd tout son avoir et après autant d’efforts consentis », explique Paluku Wamangalifi, formateur des pisciculteurs dans la zone.
L’ONG JPROG (Jeunes pour le progrès et la bonne gouvernance) venait de publier un rapport pour expliquer à l’administrateur du territoire de Lubero, au gouverneur du Nord-Kivu ainsi qu’à plusieurs services techniques de l’AGRIPEL (Agriculture, pêche et élevage) qu’il fallait recourir d’abord à la thérapie en pénicillines avant de procéder à la destruction des étangs et des poissons. « C’est l’eau qui contamine les poissons. Jusque-là on n’a pas retrouvé des poissons morts dans nos étangs à cause de cette maladie. Vider les étangs ne va rien résoudre car cette eau va couler avec d’autres poissons malades et va contaminer des rivières du coin », explique ce rapport. Cette association croit qu’elle n’a pas été écoutée et se courbe face à la décision des autorités provinciales.
Umbo Salama