Destruction à Butembo du riz de PAM déclaré impropre à la consommation, certains habitants restent perplexes


Ce samedi 25 avril, en ville de Butembo (Nord-Kivu), une commission composée du comité urbain de sécurité, de l’OCC (Office congolais de contrôle) et autres services techniques, lance l’opération pour détruire Près de 296 tonnes du riz blancs avariés, appartenant au Programme alimentaire mondial (PAM). Mais dans la ville et les environs des doutes sur la destruction complète de toute la cargaison persistent.

Dès 8 heures, cinq camions de type benne quittent en convoie l’enclos du PAM, situé en cellule MGL (Mines des grands lacs) au quartier Congo ya Sika. Direction Matembe (à la sortie Ouest de Butembo), site choisi pour la destruction de ce riz déclaré impropre à la consommation humaine. Sur le lieu, à Matembe, un tracteur est mis en contribution pour creuser un géant pour qu’on enfouisse ce riz déversés des sacs. « L’enfouissement a donné comme résultat  le mélange du riz à la boue puis on y a déversé une grande quantité d’essence mixée au mazout, donc ça devient non comestible », explique Gilbert Bwambale, Bourgmestre de la commune de Kimemi.

Le maire de Butembo, qui se félicite indique que les services ont constaté que ce riz est impropre à la consommation. « C’est ainsi qu’en tant que autorité publique, nous avons eu à exécuter la décision de notre Office congolais de contrôle. Heureusement, le PAM a compris, il a même financé l’opération de destruction. Nous lui félicitons pour cette compréhension », S’enthousiasme Maître Sylvain Kanyamanda, Maire de Butembo.

Assurance du maire

C’est à mi-février 2020, que l’OCC avait dénoncé la qualité impropre de plus de 290 tonnes du riz appartenant au PAM (programme alimentaire mondial). Le résultat des premières analyses effectuées à son laboratoire de Butembo révélait que ce riz était non conforme à la consommation humaine. Le PAM introduit un recours pour solliciter la contre-expertise au terme de laquelle le premier résultat a été confirmé.

Le 30 mars, le maire écrit au PAM et demander d’apprêter la quantité déclarée impropre à la consommation ainsi que des moyens nécessaires pour faciliter la destruction. Le 1er avril, le PAM répond au maire et indique que des dispositions internes sont en train d’être prises dans le cadre de la destruction de cette cargaison du riz. Toutefois L’institution subsidiaire de l’ONU précise que cette activité devra se faire dans une contrée éloignée de Butembo pour protéger la population et cela sans couverture médiatique et sans prise de photo.

Cette position de PAM est contestée dans la communauté. Des groupes de pression, des mouvements citoyens, des composantes de la société civile et autres organisations lancent des lettres ouvertes, des memoranda et même jusqu’à manifester dans la rue. Le maire de Butembo finit par insister auprès du PAM que la destruction sera publique.

Une perte considérable

Ce riz était destiné à être distribué aux Centres de traitement d’Ebola (CTE) pour nourrir des agents, des malades, les guéris et leurs contacts. Mais si on fait le calcul, on s’aperçoit que c’est presque la moitié du budget annuel exercice 2020 de la mairie de Butembo. Le budget annuel de la mairie de Butembo est estimé à plus de 500 mille dollars. Or sur le marché 296 mille kilogrammes se négocient à plus de 296 mille dollars, avec 1kg qui s’achète à 1 dollars. « Nous regrettons cette perte. Mais nous nous réjouissons aussi, parce que cet acte de destruction car les consommateurs ont aussi droit de protection », insiste Professeur Muhindo Malonga, président de la coordination urbaine de la société civile.

Même après la destruction de cette cargaison, sur le marché nombreux sont ceux qui émettent encore des réserves d’acheter le riz importé. « Ils pensent que toute la quantité n’a pas été détruite. Quand on veut servir ce riz à un client, il rétorque qu’il doute de l’origine et qu’on lui serve le riz produit localement », déclare un opérateur économique qui a voulu rester anonyme et qui vient décharger à son dépôt une centaine des sacs de 25 kg du riz importé. Toutefois, la société civile s’assigne pour mission de surveiller que toutes les 296 tonnes de ce riz seront bel et bien détruites.

Rédaction   


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